Financer des priorités : impôts, taxes, cotisations... par Gérard Gelé
Jean-Marc Ayrault, pressé d’expliquer à la tribune de l’Assemblée pourquoi, toutes pro-messes oubliées, son gouvernement n’avait rien fait pour apaiser
le « ras-le-bol » fiscal qui envahit une très grande majorité de Français, s’est exclamé :
« La question, c'est à quoi sert l'impôt ? Nous revendiquons que l'impôt, c'est pour financer des priorités ».
Bien évidemment, Monsieur le Premier Ministre, mais le problème c’est que vos priorités sont à des années lumière de celles dont la France aurait besoin.
Admettons tristement que la priorité incontournable de tous nos élus, quel que soit leur camp, est de se faire réélire. Il leur faut pour cela caresser dans le sens du poil les catégories d’électeurs qui votent traditionnellement pour eux.
Mais jamais une majorité n’a disposé de l’hégémonie actuelle. Les socialo-communistes règnent dans les deux assemblées, dans la quasi-totalité des régions et très majoritairement dans les mairies, ce qui ne peut qu’inciter ces instances dirigeantes à tout faire pour renvoyer l’ascenseur.
Au premier rang des « priorités », nous trouverons donc les fonctionnaires, les autres employés de l’État et leurs familles. Ce fut évident lors de la timide réforme des retraites qui s’est bien gardée de toucher aux privilèges de la fonction publique. Ce sont ensuite les employés et ouvriers noyautés par des syndicats qui n’ont pas hésité à appeler leurs troupes à voter Hollande en 2012. Il leur devient toutefois de plus en plus difficile de convaincre ces troupes que c’était la bonne décision. La réalité économique commence a être de mieux en comprise par une population qui réalise que les lendemains, jadis promis, chantent de plus en plus faux. Et ceci, malgré des médias, eux aussi protégés par des règles fiscales très favorables, ce qui ne les incitent pas à cracher dans la soupe. C’est ainsi par exemple que la récente visite de François Hollande sur le site de Florange a été rapportée comme un « acte courageux », alors que la seule solution qu’il était venu proposer était la création d’un « Centre de recherche » financé par l’État, sous les huées de la population locale qui a bien compris que seul « Pôle-emplois » ne risque pas de fermer ses portes !
Les « priorités », ce sont également :
- 577 Députés - 343 Sénateurs - 2040 Conseillers régionaux - 4042 Conseillers généraux - 36635 Maires - 519417 Conseillers municipaux - 78 Députés européens - Environ 38000 élus intercommunaux . Soit au total, plus de six cent mille élus. Un record du monde pour un pays de notre taille !
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Les « priorités » se sont encore 38 Ministres, contre 19 en Allemagne. Chaque Ministre disposant d’un cabinet pléthorique, ce qui engendre des fuites et une cacophonie que vous ne parvenez pas à juguler, Monsieur le Premier Ministre. On comptait 525 conseillers dans les ministères en juillet 2012. On en dénombre aujourd’hui 571, soit une hausse de 10%. La rémunération moyenne d’un conseiller ministériel est de 7 500 euros net par mois, certains conseillers ga-gnant même plus que leur ministre.
Les priorités, ce sont les innombrables commissions, groupes de travail, ateliers de réflexion et autres « comités Théodule » dont les rapports sont immédiatement mis au panier.
Les priorités, c’est cette habitude bien française qui consiste à promulguer beaucoup trop de lois et décrets et, surtout, d’assortir chaque texte d’un nombre incalculable d’exceptions destinées à protéger telle ou telle catégorie de Français au nom de la « justice sociale ». Il en résulte ce qu’il est convenu d’appeler des « usines à gaz » difficiles à appliquer et génératrices d’un surcroît de travail totalement inutile pour les entreprises comme pour les agents de l’État chargés de l’application des textes. Une tâche d’autant plus insurmontable que nos lois s’accumulent souvent sans que l’on songe à supprimer les lois qu’elles remplacent.
Les priorités, ce sont les réformes, ou ce que le gouvernement présente comme telles. Chaque ministre ayant pour ambition première de voir une loi porter son nom. Les paroles des ministres s’envolent mais leurs écrits restent, pensent-ils sans doute. Ces écrits restent, en tous cas, jusqu’à ce que le ministre suivant nous concocte un nouveau texte sensé résoudre les nombreuses lacunes de la loi précédente. Et ainsi de suite, comme la mer efface sur le sable les pas des promeneurs.
Les priorités, ce sont les longues listes de primes, d’indemnités, d’allocations et autres aides financières créées au fil du temps et toujours augmentées alors que les rares mesures en faveur des entreprises, tel le statut d’auto-entrepreneur, sont constamment remises en question. Le summum de l’absurdité, c’est que la suppression des simplifications administratives et fiscales nous est présenté comme des « économies » budgétaires, alors qu’il ne s’agit que de recettes en plus pour un état boulimique.
Les priorités, ce sont les absences de contrôle sans cesse dénoncées par la Cour des comptes concernant les fraudes aux prestations sociales et, tout récemment, le nombre de centenaires algériens (plus de 50.000) pensionnés par la France sans s’être assuré qu’ils sont toujours vivants. Ce sont les généreuses dispositions qui permettent aux étrangers n’ayant jamais cotisé de recevoir des soins gratuits.
Les priorités, ce sont les subventions accordées à tort et à travers aux associations, qu’elles soient culturelles, humanitaires, sportives ou encore aux « partenaires sociaux », supposés garants de la paix du même nom.
Voici, Monsieur Ayrault, quelques exemples des « priorités » financées par l’impôt.
La liste n’est pas exhaustive et vous pourriez certainement en trouver de nombreuses autres si votre gouvernement faisait preuve de la même imagination que celle qui l’anime quand il s’agit d’inventer de nouveaux impôts, taxes et autres contributions